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Depuis quelques années, des équipements apparaissent dans le paysage de la construction partout en France et, plus particulièrement, sur le Valenciennois avec une singularité frappante, ce sont des habitats containers. Au premier abord, le public peut être surpris par ce concept novateur, mais il est rapidement conquis après une simple visite guidée de ces structures atypiques. En 2019, le Groupe Adeli et ses membres, animés par un désir d’innovation sociale, ont lancé une entreprise d’insertion baptisée Mokha. Après l’enchaînement des crises, cette structure avait impérativement besoin d’un partenaire privé pour entamer un virage industriel décisif et prometteur. Et puis le hasard a voulu que César Hulin, un chef d’entreprise visionnaire, devienne l’actionnaire principal de cette activité singulière. Cette interview est consacrée à ce nouveau départ de Mokha sur le marché de l’habitat containers dans les Hauts de France (Visuel César Hulin).

(Espace foncier pour le nouveau bâtiment de fabrication de containers habitats à Bavay)

Pour le rencontrer, il faut se rendre à Bavay, où cet entrepreneur dynamique dirige plusieurs PME innovantes, dont Dipack, spécialisée dans la literie de luxe exclusivement à l’export ainsi que l’emballage en bois. Au premier regard, on comprend que le matériau vivant et certaines valeurs environnementales sont omniprésentes sur ce site. Tous les bâtiments ont été construits avec cette matière noble et écologique, et ces derniers sont d’ailleurs chauffés intégralement grâce à une immense chaudière alimentée par des copeaux de bois. Sur ce site, vous découvrez également des moutons sur un espace vert, ainsi que quelques autres animaux qui se baladent ici et là, sans oublier 350 pommiers. Ce lieu offre une place significative à la verdure, créant un cadre de travail presque bucolique. Et pourtant, nous parlons bien d’un site industriel avec 20 personnes travaillant à Bavay et 17 sur Ruitz (Pas de Calais). Cette description peut sembler un peu iconoclaste, mais la raison est simple : le prochain site de production des habitats containers de l’entreprise Mokha sera bel et bien situé à Bavay. « Nous construisons sur un terrain disponible sur notre site (3 hectares) un bâtiment neuf de 2 500 M2. Ce dernier sera opérationnel dès septembre 2025 », explique César Hulin avec une fierté palpable.

Pour atteindre cette ligne d’arrivée et de départ d’une nouvelle aventure, une rencontre a joué un rôle prépondérant. Son activité de literie haut de gamme, principalement orientée vers le marché Bénelux, a attiré l’attention de l’association Prim’Toit, du Groupe Adeli, notamment pour ces hébergements innovants sur les arrondissements du Valenciennois et du Douaisis. « C’était il y a environ 18 mois. J’ai rencontré Christophe Ferraï et Yves Ghesquière, car ils souhaitaient une remise de prix pour de la literie. Au détour de la conversation, nous avons échangé sur les habitats containers, mais également sur le volet d’insertion qui les accompagne. J’avoue que je ne connaissais pas du tout le concept d’habitat container, mais c’est véritablement bluffant ! », poursuit-il avec enthousiasme.

« Un projet industriel avec du sens », César Hulin

Au fil des échanges, le chef d’entreprise a été séduit par cette nouvelle aventure industrielle et sociale, en sus de ses activités traditionnelles, car « c’est un projet industriel qui a du sens pour moi. Je suis persuadé que l’insertion ne peut se concevoir que par le travail. Par ailleurs, ces réalisations utilisent des matériaux recyclables, ce qui coche toutes les cases de ma vision entrepreneuriale.» Effectivement, le réemploi de ces rectangles de métal usagés constitue un vivier extraordinaire de matières premières à la fois économiques et efficaces. En parallèle, il n’oublie pas son démarrage dans la vie d’entrepreneur. « On m’a aidé à mes débuts dans le monde des affaires. Concernant cette nouvelle activité, je ne prendrai aucune rémunération, mais je souhaite amener un mode industriel à cette fabrication». Tout comme un oxymètre qui mesure l’oxygène dans le sang, César Hulin ressentait sans doute, à 58 ans, le besoin de renvoyer l’ascenseur social sur un projet structurant. En résumé, il souhaite se sentir… plus utile ! «J’avais déjà, il y a quelques années, durant 4 ans, mis en œuvre un atelier protégé au sein de mon entreprise. Chaque matin, la satisfaction de voir ces personnes heureuses de venir travailler m’a apporté une immense joie !». 

Pour joindre les mots à l’engagement, il a injecté personnellement 700 000 euros, tandis que le Groupe ADELI a investi 300 000 € dans une nouvelle mouture de Mokha où il détient désormais 70% des parts sociales et la présidence. En outre, il construit sur Bavay, à titre personnel, ce nouveau bâtiment pour un montant de 1,5 millions d’euros, dont Mokha pourra bénéficier dès septembre prochain.

Mokha, où la recherche d’équilibre

En effet, malgré quelques réalisations de haute qualité, comme les équipements sociaux Jean-Louis Borloo sur la commune de Beuvrages et un carnet de commandes prometteur pour 2025/2026, l’organisation répartie sur deux sites, Quarouble et Onnaing, manquait de rigueur dans le process industriel. Par ailleurs, il faut reconnaître que la création de Mokha ex nihilo en 2019 n’a pas été épargnée par la Covid, la crise énergétique, et la hausse des matériaux. Il ne manquait plus que la pluie de sauterelles pour couronner le tout !

On ne peut que saluer le choix courageux du Groupe ADELI, ainsi que des fondateurs de MOKHA (AGEVAL, Prim’Toit et ADACI), qui ont tenu à bout de bras cette brillante idée avec des financements alloués. Se maintenir dans sa zone de confort, en se contentant d’activités plus classiques comme les espaces verts, menuiserie, nettoyage, etc., aurait été assurément plus rationnel que d’oser se lancer dans la construction d’habitats containers, il ne faut pas se mentir !

In vivo, l’entrepreneuriat privé s’est donc adossé à cette idée de récupérer des containers en fin de vie afin de les convertir en maisons individuelles sur mesure. Ainsi, la concurrence prend forme, et des appels d’offres commencent à arriver sur le circuit. Nous assistons donc à une transition d’une construction inhabituelle vers un outil classique à disposition des marchés publics et privés. « Ce n’est pas forcément moins cher que le bâti en dur que nous connaissons, mais cela s’avère bien plus rapide, et le temps… c’est de l’argent. En rythme de croisière, nous pouvons produire un habitat container clé en main sur notre site de Bavay en seulement 4 mois », commente le chef d’entreprise avec assurance.

Vers la rentabilité de l’habitat container

Clairement, le social et la rentabilité doivent converger au cœur de ce projet avec 15 personnes, sur le site de Bavay, dont la moitié en insertion (avec un contrat de deux ans). « Je serai exigeant avec toutes les personnes travaillant sur cette réalisation. Mon discours sera simple : vous bénéficiez d’un contrat, mais en contrepartie, vous travaillez pour les suivants en insertion », précise César Hulin avec détermination.

De fait, les services de l’Etat, en soutenant une structure telle qu’Ageval, imposent une sortie dynamique (positive) à hauteur de 70%, un objectif très ambitieux à atteindre au bout de deux ans de contrat en insertion. En clair, il est impératif de ne pas faire de mauvais choix sur les profils proposés au sein de cette activité d'insertion. Dans ce cadre, le Groupe Adeli, ainsi que ses entreprises d’insertion membres, gardera la main sur le choix des meilleurs candidats pour travailler chez Mokha.

Concrètement, il faut savoir que le site de Quarouble de Mokha a déjà fermé ses portes, mais que la production continue activement sur Onnaing avec un nouveau Directeur d’exploitation. « J’ai embauché un ancien du BTP dans le secteur du bâtiment, Johan Pallente, venant d’Eiffage. Il a immédiatement repris en main le process de fabrication sur Onnaing, puis viendra s’installer sur Bavay. Le carnet de commandes est tout à fait satisfaisant. Bien sûr, nous bénéficierons du retour d’expérience du Groupe Adeli, mais nous devons également viser l’équilibre financier.» En revanche, toute la production sera désormais concentrée sur Bavay, les sites d’Onnaing et Quarouble seront définitivement fermés.

On l’a bien compris, la main tendue du chef d’entreprise, qui n'a aucun intérêt financier personnel, ne sera qu’un fusil à un coup si cette société, à vocation sociale, ne parvient pas à trouver également son créneau économique dans le secteur privé tout autant que dans le public. « ADELI se concentrera plutôt sur les marchés publics, les collectivités locales et autres, tandis que Johan Pallente et moi-même nous orienterons vers le secteur privé», conclut-il avec conviction.

Il s’agit d’une initiative économico-sociale atypique à suivre de près dans les mois à venir… !

Daniel Carlier

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