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Au Maroc, il n'est pas rare de croiser un chat sur le rebord de sa fenêtre. © Laurie Arnauné
Lors d'un voyage au Maroc, il est impossible de ne pas remarquer la présence omniprésente des chats. Qu'ils soient dans les ruelles animées, se prélassant sur les murs des maisons, ou se faufilant entre les tables des terrasses, ces félins sont devenus un élément incontournable du paysage urbain marocain. Ils détiennent une place exceptionnelle dans le cœur des Marocains, qui prennent soin d'eux en leur offrant nourriture et eau... même s'ils ne trouvent pas toujours refuge à l'intérieur. Voici quelques éléments pour mieux comprendre cette cohabitation fascinante.
Au Maroc, les chats sont une seconde nature
Malgré l'absence de nombreuses animaleries, les chats se comptent par milliers dans les villes marocaines. Ils se sont intégrés à chaque coin de rue, s'installant dans les monuments historiques et les cours intérieures des bâtiments. Certains d'entre eux profitent du soleil sur le capot des voitures, tandis que d'autres explorent les jardins publics avec une assurance déconcertante, dignes des pachas. Leur existence est un véritable spectacle qui pourrait susciter l'envie de leurs cousins européens, souvent moins libres.
Les chats rôdent aussi autour des souks, des cafés en terrasse, des laiteries, et des gargotes, toujours prêts à intercepter un regard de compassion de la part des passants. Cependant, cette quête de nourriture peut parfois mener à des jeux dangereux avec les restaurateurs de villes comme Fès ou Marrakech, où la cohabitation n'est pas toujours simple.
Des chats immanquables… même sur mon balcon !
En tant que partie intégrante du paysage marocain, les chats savent surprendre. Un dimanche matin, en tirant le rideau de la chambre, j'ai été émerveillé de découvrir une petite famille de chatons, blottis ensemble avec leur mère dans un panier en osier abandonné sur le balcon. Ce moment de tendresse illustre parfaitement leur place dans notre quotidien.
Malgré l'assistance dont ils bénéficient, ces chats restent de redoutables chasseurs, traquant les rongeurs avec une efficacité impressionnante. Que ce soit en solo ou en groupe, leur vie est rythmée par des jeux de chasse, au milieu des cris et des courses effrénées qui animent les rues marocaines.
Chats sacrés et cultes félins
Au lieu d'être maltraités ou négligés, les chats marocains sont rarement logés de manière formelle. On trouve souvent un bol de lait qui les attend quelque part, mais un véritable foyer est plus rare. Cela est dû en partie aux traditions culturelles marocaines, qui voient peu la nécessité de domestication des animaux. Toutefois, cette abondance féline trouve également ses racines dans des croyances religieuses.
Selon la légende, le Prophète Mahomet avait une affection particulière pour sa chatte Muezza, qui l'aurait protégé d'une morsure de serpent. Un jour, alors qu'elle dormait paisiblement sur son vêtement, il aurait préféré couper un morceau de sa djellaba plutôt que de la déranger. De plus, Muezza aurait eu le privilège de prier à La Mecque aux côtés du Prophète, renforçant ainsi le statut sacré des chats dans la culture islamique.
Chats errants, une réalité à prendre en compte
Cette vénération pourrait expliquer pourquoi les chats sont perçus comme des animaux purs, sacrés et porteurs de baraka (bénédiction). Ils peuvent ainsi entrer librement dans les mosquées, ce qui témoigne du respect qu’ils suscitent. Cependant, n’oubliez pas que la plupart d’entre eux ne sont pas vaccinés ou soignés, rendant leur bien-être un véritable enjeu de santé publique.
Les chats errants, souvent reconnaissables à leur apparence décharnée, leur pelage abîmé et leurs yeux troubles, se battent quotidiennement pour leur survie, cherchant désespérément leur prochain repas près des déchets. Ils sont un vivant rappel que tous les félins ne partagent pas les mêmes conditions de vie.
Prendre soin des chats dans le royaume
Pour celles et ceux qui souhaitent apporter leur soutien, plusieurs ONG et associations locales s'emploient à améliorer les conditions de vie des chats errants. Elles mettent en place des campagnes de stérilisation et de sensibilisation pour informer la population sur l'importance du bien-être animal. De plus, des initiatives communautaires incitent les habitants à nourrir les chats tout en leur offrant des soins vétérinaires lorsqu'ils en ont besoin.
Il est donc possible de conjuguer la beauté des découvertes marocaines avec une démarche solidaire envers ces chats, qui partagent notre quotidien. Les voyageurs peuvent participer à des programmes de bénévolat dédiés à la protection animale, alliant leur passion pour le Maroc à une action éthique significative.
Les félins dans la culture marocaine
Les chats occupent une place prépondérante dans la culture marocaine. À travers contes et proverbes, ils sont souvent perçus comme des symboles de chance et de protection. Beaucoup de Marocains aiment partager des anecdotes sur les chats, mettant en avant leurs personnalités uniques et leurs comportements fascinants. Cette affection témoigne d'un respect profond pour le rôle que ces animaux jouent dans la société.
Des artistes, qu'ils soient peintres, photographes ou écrivains, s'inspirent également des félins pour créer des œuvres illustrant la vie quotidienne au Maroc. De nombreuses expositions et festivals mettent en lumière des thèmes autour des chats, soulignant leur importance et leur place centrale dans l'identité culturelle du pays.
Conclusion
En résumé, les chats au Maroc ne sont pas simplement des animaux errants, mais des compagnons de vie, des symboles de la culture marocaine et des témoins de l’histoire. Ils incarnent la beauté et la complexité de la vie urbaine marocaine, ainsi que la générosité des habitants. Que ce soit en les croisant dans les ruelles de Marrakech, au cœur des marchés de Fès, ou dans les quartiers animés de Casablanca, chaque rencontre avec ces félins est une invitation à explorer un peu plus l’âme riche et captivante du Maroc.
