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Les habitués l'appellent l'Eglise de la porte Dorée. Son nom officiel est l'Eglise évangélique rencontre espérance. Elle n'appartient pas à la Fédération protestante de France. C'est l'une des rares "méga-churches" à la française, qui accueille un grand nombre de fidèles sur le modèle américain. Chaque dimanche matin, près de 800 personnes se pressent dans cet ancien cinéma situé avenue Daumesnil, dans le 12e arrondissement de Paris. Deux autres cultes ont lieu le samedi soir et le dimanche après-midi, créant une ambiance vibrante et électrisante qui attire des fidèles de tous horizons.

La scène a été transformée en podium, qui accueille un orchestre jazzy, avec piano droit et cuivres. Les paroissiens ont apporté avec eux leur carnet de chants et une Bible. Ici, on aime les numéros. Pour lancer un chant ou faire référence à un verset de la Bible. "Numéro 45 !", annonce l'animateur, et aussitôt, toutes les voix s'unissent pour entonner l'hymne numéro 45. "Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien..." Les harmonies résonnent dans la salle, créant une atmosphère de communion et de partage.

L'assistance est composée à 90 % d'Africains et d'Antillais. Beaucoup de femmes ont pris soin de se couvrir la tête d'une mantille noire, ou d'un foulard clair noué sous le menton. Saint Paul ne dit-il pas, dans la première Epître aux Corinthiens, chapitre XI, versets 2 à 16, que la femme doit se couvrir la tête dans l'assemblée ? C'est un acte de respect et de dévotion qui est profondément ancré dans cette communauté.

Une grosse urne en bois circule dans la salle. Les fidèles sont invités à y glisser des enveloppes, qui contiennent leurs offrandes, chèques ou billets. "Que Dieu bénisse ceux qui ont donné !", s'exclame le pasteur sur le podium, sa voix résonnant avec une autorité bienveillante. Le prédicateur attache son micro autour du cou, pour être libre d'aller et venir autour du pupitre et de haranguer l'assemblée dans toutes les directions. "Psaume 38, verset 19 !", lance-t-il, et l'assemblée répond avec ferveur. "Je reconnais mon iniquité, Je suis dans la crainte à cause de mon péché", nous dit le roi David, ouvrant la porte à une réflexion profonde sur la condition humaine. Vient alors le commentaire : "Frères et soeurs, il y a un combat. La nature humaine est tordue. Le monde hait Jésus. En nous aussi, il y a un combat. Un conflit entre l'homme nouveau, qui est droit, et l'homme ancien, qui est tordu. N'est-ce pas, frères et soeurs ?" « Amen ! Alléluia ! », répond le public, emporté par l’émotion collective.

"­ Mais Dieu, du haut du ciel, observe chaque homme, reprend le pasteur. Il faut lui obéir. Sinon, il nous corrige comme un père avec ses enfants. C'est dans l'amour et la discipline que nous grandissons.

- ­ Amen !

"­ Et maintenant, Galates 2,9. Paul nous dit que les apôtres sont les colonnes de l'Eglise. C'est vrai qu'elle chancelle, la vérité dans ce monde. Seule l'Eglise est dans la vérité. Est-ce que vous faites partie de la vraie Eglise, frères et sœurs ?"

-" Oui !", répond l'assistance comme un seul homme, unie dans leur foi et leur engagement.

Après la prédication vient le temps de "l'adoration". Tour à tour, des fidèles se lèvent et louent le Seigneur, exprimant leurs émotions avec passion. Soudain, une femme élève la voix et profère des paroles incompréhensibles, aux sonorités étranges. Cela ressemble à un langage asiatique, une manifestation de l'Esprit qui apporte une dimension mystique au service. Le pasteur rassure ses ouailles. "Notre soeur vient de parler en langues. C'est un charisme de l'Esprit-Saint, un don de prophétie. Maintenant, un frère va interpréter ce qu'elle a dit." L'un des hommes qui sont installés sur la tribune prend le micro avec assurance. "Voilà ce que nous dit le Seigneur aujourd'hui à travers notre soeur : "Ne crois-tu pas que j'ai la réponse à ton problème ? Fais-moi confiance. La solution est en Jésus-Christ."" Le pasteur conclut le culte, le cœur plein de gratitude. "Merci, Seigneur. Tu nous as parlé en ce jour. Tu nous as fait du bien." "Amen ! Alléluia !"

Xavier Ternisien

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